Ah les hommes !
Depuis que je suis ado, j'adore partir m'exiler quelques heures dans un bar pour écrire : c'est mon île, ma bulle, ma tour de guet d'où je peux scruter le monde...
Voici donc un petit texte de ces années lycée où j'étais plus café que diabolo menthe.
La gente masculine m'interrogeait évidemment beaucoup.
Exigeante, idéaliste et excessive, déjà je ne comprenais pas les petites lâchetés de la vie qui nous font choisir les sables mouvants du quotidien plutôt que l'accès à nos désirs. Je me suis calmée : je n'ai plus de moto, un peu moins de khôl autour des yeux et les cheveux beaucoup plus longs, mais ai-je vraiment changé ?
Walk man
Quand je me désespère d'être désert trop déserté
Je navigue, je me mets en panne
Dans le regard de ces hommes qui planent
Les yeux ternes et désespérés
Quand je me désespère d'être paysage trop paysagé
Je souque jusqu'au bar
Je bourlingue, je me baigne
Dans le regard des hommes qui geignent
La bouche grise de tant de bobards
Walk man, anda jusqu'à moi
Walk man, walk et embrase-moi
Quand je me désespère d'être ombre si ombrée
Je divague jusqu'au bistrot
Je me brûle, je me consume
Dans le regard de ces hommes qui fument
Le visage triste et déteint des suppôts
Quand je me désespère d'être femme mal famée
Je tangue jusqu'au troquet
J'écris, je me mets à nu
Je zappe les hommes statut
Aux rêves d'avenir bien cadenassés
J'écris ouvrez les guillemets
Walk man, anda jusqu'à moi
Viens plutôt m'enlacer
te délacer
Viens délacer mes lacets
J'écris, fermez les guillemets
Mes fantasmes en pointillés