Jaïda s'envole
Planche réalisée par Pascal Dufournet
Bonjour,
Je sais que vu de votre écran rien n'a bougé depuis pas mal de temps. Pourtant vu de ma vie, je dois faire face à la préparation de 2 déménagements simultanés et je peux vous dire que ça ressemble plutôt à une usine à gaz :-)
Je prends, donc 5 minutes, entre 2 cartons pour vous présenter le 1er projet Bd que je développe en tant que scénariste avec Pascal Dufournet au dessin.
Le texte ci-dessous est l'introduction à l'histoire que je prendrai le temps de vous raconter plus en détail... plus tard :-)
Jaïda s'envole
Jaïda, assise au bord du torrent, contemplait I’heure bleue. La lumière était douce, fluide et moirée d'ocres délicats. Le ruissellement de l'eau sur les pierres plates, l'odeur délicate des mousses, le souffle léger du vent qui caressait sa peau, tout contribuait à propulser ses pensées aussi loin que les confins de l'univers.
Jaïda dégustait cet instant de calme, nimbée de torpeur matinale, cet instant qui lui appartenait encore. Elle voulait le tatouer dans sa mémoire comme une goutte d’éternité, avant de se présenter pour le rituel que les Anciens nommaient : la Donnance.
En effet, aujourd'hui, 8 dôdéka An 15 de l'exode, la jeune fille atteignait la deuxième période de sa vie et devait subir le rituel du Chromatage. Bien sûr, comme tous les enfants, elle ignorait en quoi consistait exactement la cérémonie. Sa seule certitude, était qu'elle perdrait la couleur naturelle de ses longs cheveux pour une des 3 trois teintes obligatoires désignant les trois castes de la citée : le cyan pour les Penseurs, le magenta pour les Acteurs et le jaune pour les Régulateurs.
Tout ce qu'elle savait, c'est que le conseil des Sages trancherait et que la décision serait définitive, donnant un sens inéluctable aux prochaines périodes de son existence. D'enfant elle passerait à l'état de femme et, dans 15 ans, elle devrait subir un nouveau rituel, celui de la Duplication.
C'était le cour logique de la vie sur Mars depuis l'arrivée des colons et pourtant voilà plusieurs jours que des voix rejoignaient ses rêves avec cette simple injonction lancinante : "N'y vas pas, Jaïda, n'y vas pas."
Dessin Pascal Dufournet