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J'ai un mot à vous dire
9 juillet 2007

2046

20462046, film de Wong Kar-Wai (2003) représente, à mes yeux, une oeuvre exceptionnelle : onirique, poétique, érotique.

La chambre d'hôtel 2046 : Chow Mo Wan, écrivain en mal d'inspiration, tente de finir un livre de science-fiction.
Dans son roman, un  train énigmatique part pour 2046 où les choses sont immuables. Cependant personne ne peut le certifier, car nul ne revient de ce lieu... sauf lui.
À travers ce fil de l'écriture, le personnage se souvient des femmes aimées, désirées, laissées... Car, malheureusement, Chow, à l'aube de sa vie amoureuse, s’est vu rejeté par la femme qu’il aimait. Depuis, ce souvenir traumatique l'empêche de goûter à l'amour de toute autre : passent les femmes, comme passent les trains...


On s'éprend, on se prend, on se méprend, on se désapprend : restent les traces de ces liaisons et ruptures qui nourrissent notre être et notre imaginaire. À cet égard, le passé peut représenter un corpus qui nous figure ou un poids qui entrave nos pas vers la découverte d’autres relations en devenir.

Derrière ses clairs-obscurs magnifiques, sa divine élégance, cette peinture subtile des sentiments et des émotions, Wong Kar-Wai pose la question existentielle éternelle de l’Amour.
La réponse, reste évidemment en suspens, car elle se situe à la frontière de notre intimité, où tout se dévoile et se voile dans ce no man’s land déroutant quand notre inconscient tente de dialoguer avec notre âme.

Et Je ne saurais expliquer par quelle magie, le réalisateur parvient à ce point à capter les sensibilités et les émotions, comment il parvient à rendre les non-dits explicites, mais les personnages sont d’une beauté si pure, si palpable qu’on en ressort bouleversés, comme si Wong Kar-Wai, l’air de rien avait su toucher les plus secrètes de nos failles.

Je disais, donc, « onirique » pour l’ambiance feutrée ou métallique (selon le lieu) qui, associée à une répétition des images, nous embarque sur une île entre songe et réalité.
Je disais encore « poétique » car chaque scène, à la façon d’un Haïku, à travers la simplicité des mots et des situations, évoque des images lyriques que la lenteur du film permet de nous approprier à notre rythme.
Je disais enfin « érotique », car rien, à mon goût, n’est plus excitant que la sensualité pudique, d’autant
qu’ une certaine froideur un peu esthétisante, loin de repousser, permet au contraire de se projeter et de s’identifier aux personnages...


Au final, chacun comprend que « pour aimer il faut qu’il ne soit ni trop tôt, ni trop tard ».
Je rajouterais : sans doute faut-il également savoir, non pas se départir de ses souvenirs, mais construire un espace où ranger nos expériences comme des objets rares et précieux, afin de trouver un équilibre : boire à la source qui nous incarne et apprivoiser ce qui nous trouble...

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Commentaires
C
... mais je n'ai pas trop de logique dans ce que je poste : c'est selon l'humeur du moment et ce qui me vient au réveil...
D
encore un indice qui me dit que j'ai bien fait de me le procurer ...<br /> le temps de finir la trilogie "infernal affairs" et je m'y plonge.<br /> <br /> "in the mood for love" (du meme WKW) vaut egalment le deplacement
C
Je n'ai pas le DVD, enfin pas encore :-) <br /> Quant au cinéma asiatique, je découvre, donc je n'ai pas vu grand chose... merci pour vos indications, de l'émotion en perspective...
D
Personellement Cathie, j'ai plus été impressionné par Chunking Express, où justement Wong Kar Wai, avait touché des questions qui me semblaient plus prochent de ma sensibilité. Tout ce que tu dis sur 2046, j'aurais aimé le sentir devant ce film, puisque jusques là ce réalisateur m'avait comblé. Surtout avec cet étrange film Happy Together, où lui qui filme si bien les femmes, décide de faire une histoire d'amour homosexuelle de deux japonais à Buenos Aires. Peut-être que mes attentes étaient excessivement hautes le jour où je suis allé voir 2046, mais je n'ai pas senti ce ravissement dont tu parles. Je vais essayer de le revoir... En parlant d'érotisme et de cinema asiatique, pour moi le chef d'oeuvre absolu s'apelle la femme des sables. Tu l'as vu ?<br /> Damien
T
A voir "Blood and Bones" de Yoishi sai, avec bien sur Kitano...
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