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J'ai un mot à vous dire
10 juillet 2007

Blanche et belle

Dessin Pascal Dufournet
Blanche_Belle01bd_1____copie
Elle était blanche et douce et belle.
Je m’éveillais auprès d’elle pour la première fois, si ému par ses courbes lascives que je n’osais respirer de peur de l’éveiller.
Odalisque de mon cœur, ses cheveux d’algues brunes tombaient en cascade sur son épaule, puis sur sa hanche, pour rejoindre dans la lumière mutine, les lames du parquet.

Sans bruit, je la laissais à ses rêves pour attraper mon aquarelle et immortaliser l’Amour nimbé par les vapeurs félines. Ce matin-là, je lui fis la promesse secrète de ne chérir que sa peau, de ne m’enivrer qu’à ses liqueurs et de la garder jalousement comme unique muse.

Je l’envisageais, elle se laissait faire. Je la courbais en des poses incertaines, elle était docile. Je la chérissais, elle m’aimait.
Quels que soient nos rythmes journaliers, les aléas de l’une, les contingences de l’autre, inéluctablement nous nous retrouvions dans les velours de la nuit pour cette communion silencieuse.

L’hiver, son duvet d’oiselle se hérissait tendrement sous des châles de lourde laine ; au printemps les trilles du rossignol la berçaient comme une enfant ; l’été la chaleur perlait à ses lèvres boudeuses et l’automne les clapotis des pluies rythmaient les chansonnettes qu’elle susurrait sans y penser.

Ainsi passait la vie ponctuée par ce point d’orgue nocturne… Ainsi passait la vie, hélas !

Ce soir je te regarde et je regarde mes mains, ces mains de peintre besogneux qui finalement ont plus embrassé de chimères que caressé ton sein, ma blanche et douce et vieille. A vouloir saisir le temps nous l’avons laissé filer, sable fluide et futile.

Que n’ai-je dévoré ta bouche gourmande, que n’ai-je bu à ton sein de louve, que n’ai-je perdu ma hampe merveilleuse en tes alcôves halitueuses !

Ce soir je te regarde ma petite chose chiffonnée et je regarde mes mains inutiles qui ont produit tant et tant de vaines esquisses. De peur de perdre l’Amour nous l’avons pétrifié, de peur de perdre la vie nous l’avons oubliée ne laissant sur les murs fanés que des spectres de nous.

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Commentaires
T
J'ai bien apprecié...
C
ça se présente bien :-)
P
Voici une version illustrée de la nouvelle avec un peu de couleur, Cathie n'a jamais vu cette version :<br /> http://p.dufournet.free.fr/blog/index.php?2007/07/11/16-elle-etait-blanche-et-belle-nouvelle-illustree
P
Ce texte est magnifique, j'espère avoir un peu de temps pour mettre de l'aquarelle sur les illustrations que l'on peut voir ici :<br /> http://p.dufournet.free.fr/Images/mikro_13_06.jpg
C
C'est un texte qui m'est cher...
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